Quel avenir pour la Chouette de Tengmalm Aegolius funereus dans le massif du Jura ? Bilan de trente années de suivi
Auteurs : Ravussin (Pierre-Alain), Triollet (Daniel), Daenzer (Carole), Longchamp (Ludovic), Romailler (Kim) et Métraux (Valentin)
Année de publication : 2015
Publication : Nos Oiseaux
Volume :
62
Pagination : 5-28
Résumé :
La Chouette de Tengmalm est étudiée dans les forêts du massif du Jura, au nord du canton de Vaud et dans le département français du Doubs, depuis plus de 30 ans. Chaque année, les nids sont recherchés tant en cavités qu'en nichoirs et ils font l'objet de contrôles détaillés portant sur la ponte et sur la réussite de la nichée, de même que sur la nourriture apportée aux jeunes. Tous les poussins sont bagués, tout comme la plupart des femelles ainsi que quelques mâles. Cet énorme travail bénévole de longue haleine a fourni des données très originales sur la stratégie de reproduction de cette petite espèce forestière et montagnarde. Cependant, à l'heure actuelle, son statut inspire des craintes quant à son avenir dans les forêts du massif du Jura. En effet, si les fluctuations très importantes du nombre de couples nicheurs caractérisent toujours cette espèce, elle a perdu en moyenne plus de la moitié de ses effectifs ces 20 dernières années. Chouette de Tengmalm Aegolius funereus femelle « surveillant attentivement » les opérations de contrôle de sa cavité. Sainte-Croix VD, 30 mai 2007. 6 Fig. 1 – Situation de la zone d'étude. © Office fédéral de topographie La découverte des premiers nids de Chouette de Tengmalm dans le nord du canton de Vaud remonte aux recherches effectuées dans le cadre du premier Atlas des oiseaux nicheurs de Suisse (SCHIFFERLI et al. 1980), au début des années 1970. Les repérages avaient alors permis de localiser l'espèce près du village de l'Auberson, sur les communes de Baulmes VD et de Sainte-Croix VD, ainsi qu'entre Bullet VD et Mauborget VD. C'est également à cette époque, à proximité de ces sites, que nous avions installé en petits nombres, les premiers nichoirs destinés à cette espèce. Les prospections réalisées à la recherche des chanteurs ont abouti petit à petit à la découverte de nombreux arbres à cavités, qui furent répertoriés et contrôlés ensuite chaque année. Une fois les premiers nichoirs adoptés, nous en avons rapidement installé d'autres, afin d'augmenter l'offre en sites de nidification et de favoriser l'espèce. L'augmentation du nombre d'arbres à cavités répertoriés dans des habitats favorables, ainsi que celle des nichoirs à contrôler, s'est rapidement heurtée à des problèmes d'organisation et de temps, de sorte que, dès 1988, nous avons renoncé à explorer d'autres lieux. Nous avons opéré ce choix, afin de mieux cerner les différents paramètres intervenant dans la biologie de l'espèce, mais aussi et surtout afin que nos résultats restent comparables d'une année à l'autre, par le contrôle dans la même région, des mêmes sites avec les mêmes méthodes. Ce travail synthétise les résultats obtenus depuis 1985 sur la biologie de la Chouette de Tengmalm, en particulier les fluctuations de ses effectifs, les paramètres de sa reproduction, sa nourriture et ses déplacements et les implications de ces découvertes sur la conservation de cette espèce dans nos régions.